Gibson vend du rêve ou des guitares?
Crédit photo : The man and the woman, 1972, Gibson
Guitars Inc.
Gibson vend du rêve ou des guitares?
Gibson fait face à une série de
problèmes financiers qui lui laissent présager un sombre avenir. En tant que
gens d’affaires/guitaristes collectionneurs, la nouvelle de la semaine dernière
nous a interpelés en plus de nous questionner sur le parcours menant à une
telle situation.
To the quiet, sharp crack of a
heartbreak
L’image ci-jointe en dit
justement long, trop long sur le sujet et se voit même être prophète du
communiqué de presse envoyé par le fabricant de guitares la semaine dernière. Lors
de la publication de cette publicité, en 1972, Gibson était à l’aube d’une
période financière très difficile.
Faisant l’éloge des misères du
blues et du parallèle avec sa propre histoire, Gibson pouvait néanmoins compter
sur des ambassadeurs de la trempe de B.B. King pour encourager les
consommateurs. Aujourd’hui, le rock et ses ambassadeurs étant tout aussi menacés,
Gibson ne peut compter que sur elle-même pour sortir de cette impasse.
To the chain-heavy thunder of a
troubled mind
Selon l’annonce de la semaine
dernière, le problème repose sur la diversification de l’entreprise par le
biais d’acquisitions plus ou moins pertinentes et surtout non rentables. De
plus, on demande un changement au niveau administratif. Cependant, sont-ce les
véritables sources des problèmes financiers de Gibson?
Alors que Fender a toujours
misé sur une image prônant tant l’accessibilité que le rêve, Gibson n’a su
miser que sur ce dernier devenant ainsi un produit de luxe. Fender vend des
guitares, Gibson vend du rêve! Pourtant, Gibson a toujours produit des modèles plus
abordables comme les séries Melody Maker, Junior, Special et Tribute, mais n’a
presque exclusivement promu ses modèles exclusifs et signatures.
Rarement, le consommateur se
fait cibler par les modèles sous la barre des 1,000$. Ainsi, le guitariste
amateur, car oui ce dernier qui fait vivre l’industrie de la guitare, se tourne
vers un autre fabricant laissant alors son rêve de Gibson planer pour
« plus tard lorsque j’aurai les fonds nécessaires».
Par exemple, alors que Gibson
offre sa superbe Lucille, modèle signature de B.B. King se chiffrant à 5,899$;
sa compagnie sœur Epiphone, l’offre à 999$. Cet exemple représente de façon
très claire le schiste créé par Gibson, faisant fi des réalités du
consommateur. De façon objective, alors que le guitariste amateur voit la
publicité de Gibson dans Guitar Player,
il ne peut que se permettre la Epiphone, made
in China!
D’accord, Fender utilise une
pratique similaire avec son usine d’assemblage au Mexique, cependant le
consommateur peut se procurer une « vraie » Stratocaster, écrit
« Fender » sur sa tête, et ce à un moindre prix lui permettant de sembler
jouer avec le même équipement qu’Hendrix, Clapton ou Gilmour.
Places few ever dream of
getting
En conclusion, pourquoi vendre
du rêve plutôt que de vendre des guitares? Pourquoi ne pas mettre davantage
d’efforts marketing sur les modèles abordables made in USA plutôt que sur les modèles hors de prix? Cette
technique permettrait d’attirer et de fidéliser de nouveaux clients qui, le
jour venu, pourront s’acheter cette Les Paul Custom tant rêvée.
À la lumière de la présente
situation, le fabricant fait ironiquement face au même rêve que les
guitaristes : comment se payer une Gibson?


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